JOUR 9: SAHAGÚN / LEÓN (60 km)

Carte jour 9

PROPOSITIONS DE DIRECTIONS À PRENDRE

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  • À la sortie de Sahagún, vous franchissez le rio Cea par le pont médiéval. Après le pont, le sentier de terre se trouve à gauche de la carretera de León (N120).
  • 4 km plus loin, le Camino quitte la N-120 qui part à gauche au niveau de l’échangeur de l’autoroute.
  • À Bercianos del Real Camino, vous pourrez profiter d’une belle petite route qui longe le Camino qui se trouve à votre gauche, ombragé par des arbres.
  • Vous passerez par El Burgo Ranero, Reliegos-de-las-Matas et Mansilla-de-las-Matas par le chemin des pèlerins (LE-6615) qui se poursuit comme précédemment avec une petite route bétonnée côtoyant le Camino et son sentier ombragé.
  • À la sortie de Mansilla, la route N-601 (route plus fréquentée) suit en bonne partie le Camino. Cette route vous mène jusqu’à León.

RÉCIT

Au petit matin, dans un café central de Sahagún, nous prenons le petit déjeuner à proximité des joyeux fêtards éméchés qui ont profité de la célébration au village toute la nuit. Le trajet prévu aujourd’hui s’annonce facile et décontracté. C’est après quelques kilomètres de route que nous nous retrouvons enfin sur une chaussée décrite dans notre bible et qui nous a fait rêver depuis le début. Nous avions mémorisé la photo de cette portion du Camino bordée par des arbres qui longe la voie bétonnée. Même si un peu d’ombre est projetée sur le sentier des pèlerins en cette matinée, nous optons bien sûr pour le confort du béton qui nous permet d’enchaîner les kilomètres.

Jour 9 les belles routes

Cette route avec l’option « béton et soleil » ou « terre et ombre » nous conduit d’un village à l’autre en toute tranquillité. Nous sommes à peu de choses près seules et dépassons rarement des pèlerins que nous saluons du Buen camino d’usage.  Nous croisons notre consœur de Normandie avec qui nous avons sympathisé hier et qui a dû quitter Sahagún aux aurores comme la plupart des marcheurs.

 

Pour les cyclistes que nous sommes, cette partie du Camino dégage un sentiment de liberté et une communion directe avec la nature. Même si notre bible qualifie cette route de monotone, nous savourons  joyeusement chacun des kilomètres et la perspective unique. Nous pouvons également apercevoir au loin les montagnes qui occuperont nos journées à venir.

Jour 9 le paysage

En début d’après-midi, nous entrons dans la ville de León par les faubourgs et la circulation s’intensifie. Sylvie, qui a surtout roulé sur les pistes cyclables, devient toujours très stressée lorsque nous arrivons dans une grande ville. Elle se met à l’avant et déploie de multiples signes de la main dans le but de me guider ou de m’alerter, pratique qu’elle n’adopte pas habituellement. Je la laisse exprimer son côté cheftaine de la circulation, cela semble lui convenir. Nous nous remémorons l’anecdote en fin de journée et nous nous moquons de sa forte propension à exécuter sa chorégraphie urbaine à ces moments qui font appel à notre vigilance.

Jour 9 leon 1

Nous voilà au centre-ville de León dans les rues piétonnes en ce dimanche. C’est joyeux et animé. Nous prenons moins de temps cette fois à repérer notre hôtel. L’élégance, le confort et la gentillesse sont au rendez-vous. Nous sommes comblées, la chambre est spacieuse et la salle de bain offre un espace plus que suffisant pour déployer nos fragiles cordes à linge. Après la douche et la séance de lessive, nous voilà prêtes à explorer le quartier où nous nous retrouvons, le Barrio Hùmedo (quartier humide), où l’on fête et l’on boit dans la ville. Nous profitons d’une terrasse et de la vie festive ambiante.  

Plus tard, vers 18 h, nous partons en repérage pour dénicher un resto. Dans les grandes villes, notre horaire de pèlerines à vélo est mis à mal puisque les restaurants n’ouvrent pas avant 21 h et à cette heure, nous nous apprêtons généralement à nous mettre au lit. Nous décidons d’improviser un pique-nique et achetons les victuailles pour ensuite nous rendre à notre hôtel. Notre attentionné réceptionniste, que nous surnommons notre ange de parcours, nous indique un parc tout près et nous donne accès à un Rioja gardé au frais dans une machine distributrice dans le hall. Pour ajouter au charme de nos préparatifs, celui-ci nous offre un tire-bouchon et deux coupes à vin pour s’assurer que nous bénéficions au maximum de notre repas. Je conserve en mémoire ce souper magique en plein air. Rassasiées et comblées, nous rapportons à notre ange de parcours la moitié de la bouteille de vin, puisque j’exerce un contrôle sur la consommation de ma complice. En espérant qu’il ait pu en profiter.

RÉFLEXION DE LA JOURNÉE

Le penseur

Ma réflexion de la journée porte sur la gentillesse du peuple espagnol sur le parcours du Camino Francés. Depuis le début de notre odyssée, lorsque l’on demande des renseignements ou que l’on fait appel à différents services, nous constatons le caractère chaleureux de cette population. Ces personnes souriantes, se tiennent toujours prêtes à nous proposer un itinéraire, une adresse, allant jusqu’à nous y accompagner. Les cyclistes du coin nous interpellent spontanément dans le but de nous guider et de même, certains automobilistes nous suggèrent de les suivre pour nous remettre sur la bonne voie.

On retrouve cette même amabilité chez les travailleurs des différentes auberges et services qui nous reçoivent (sauf exception, l’aubergiste de Los Arcos). Peu importe les circonstances, cet accueil bienveillant procure un précieux réconfort aux deux pèlerines à vélo que nous sommes. Je persiste à croire que de fournir un humble effort pour parler l’espagnol, même à l’aide de quelques expressions apprises laborieusement, facilite la communication.

Puisque nous avons réservé nos hébergements à tour de rôle, chacune de nous a la responsabilité de l’inscription au moment où nous arrivons à destination. Lorsque c’est mon tour, j’établis toujours le contact avec l’aubergiste en disant « Tengo una reservación », tandis que Sylvie de son côté, y va de « I have a reservation ». Je peux vous assurer, basée sur des données empiriques sérieuses, que la première formule provoque spontanément un sourire et une réceptivité qui ne se retrouvent pas nécessairement dans le deuxième cas de figure. Même si Sylvie invoque son manque de talent pour les langues, je constate que les habitants se montrent reconnaissants de l’effort déployé pour les aborder en espagnol. Si l’on s’intéresse au pays que l’on découvre et si l’on veut démontrer un respect à son peuple, il s’avère indispensable d’acquérir une connaissance minimale de leur langage. Bien sûr, cet humble bagage linguistique n’est pas à toute épreuve, il demeure symbolique et permet principalement de créer un lien.