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Les préparatifs

Lorsque mon amie Sylvie m’a proposé de « faire Compostelle à vélo » avec elle, j’ai accepté d’emblée. J’ai, bien sûr, pris le temps de consulter ma conjointe dans la mesure où l’on prévoyait consacrer trois semaines pour effectuer le trajet et se laisser la latitude nécessaire pour profiter du parcours. Carole se disait surtout rassurée de me voir enfin partir avec une compagne puisque j’ai, selon elle, la fâcheuse habitude de rouler seule. L’autorisation étant accordée, Sylvie et moi avons consacré quelques mois à nous documenter et à nous préparer au mieux pour notre départ à la fin de l’été 2019.

Chacune de notre côté, nous avons participé à deux formations essentielles dans les circonstances : « Mise en boîte du vélo » et « Mécanique de base ». Dans le cadre de ces formations, je dois avouer que je me suis sentie intimidée par certains autres participants munis de leur vélo de route en carbone qui partageaient fièrement leurs nombreux exploits dignes de reportages télévisés. De mon côté, je voulais simplement apprendre à réparer une crevaison et figurer la façon d’insérer mon vélo hybride dans une boîte de carton. Ces ateliers se sont révélés profitables, d’autant plus que nous avons eu la bonne idée de pratiquer la mise en boîte avant de nous envoler. Cet exercice a pu se réaliser à la maison de Sylvie, dans le garage, par un après-midi caniculaire comme seul le mois de juillet peut nous en fabriquer. 

 
Velo emballage

Au cours  de cette session de pratique, j’ai souvenir que nous avons beaucoup ri de nos maladresses et je me suis sentie rassurée par cette complicité spontanée étant donné que nous ne nous connaissions pas beaucoup (1). Ces fous rires nous ont accompagnées tout au long du périple, même à des moments plutôt désespérants. Ceci m’amène à croire que la capacité d’autodérision relève des compétences à posséder ou à développer rapidement pour quiconque projette de faire le chemin de Compostelle.  

En plus de l’aspect technique des préparatifs, la mise en forme physique doit être considérée. Âgée de 64 ans, de petite stature, je ne voulais pas ralentir l’ardeur de ma complice cadette de quatre ans, plutôt grande et costaude. Heureusement, j’avais amorcé un entraînement de groupe depuis quelque temps et cela m’avait permis d’améliorer mon cardio et de renforcer mes jambes qui en avaient bien besoin. S’exercer à monter des côtes avec les deux sacoches bien garnies est certainement recommandé, même si je n’ai pu réaliser cette activité. Quelques semaines avant le départ, j’avais projeté d’aller braver les nombreuses côtes de la Gaspésie dans le but de me mettre en forme. Malheureusement, j’ai été victime d’une mauvaise chute due à un nid de poule, voire un cratère, que je n’ai pas été en mesure d’éviter. J’ai finalement profité plutôt des services d’une ostéopathe en Gaspésie. Par conséquent, j’avais tellement peur de tomber à nouveau que je me suis placée « en quarantaine de vélo » une semaine avant la date d’envolée.

Auberge 1

Un autre aspect de la préparation concerne la planification de l’hébergement. Après réflexion, nous avons choisi de réserver une chambre dans une auberge ou un hôtel (pension/hostel) pour chaque nuit de notre expédition. Il est vrai que cette approche limite la spontanéité, mais nous avons misé plutôt sur la facilité de pouvoir se déposer à un endroit déjà déterminé après une bonne journée. Encore ici, nous avons effectué la démarche de programmation par un après-midi caniculaire de juillet chez Sylvie, sur sa terrasse cette fois. Chacun des hébergements choisis s’est avéré réconfortant et bien situé en fonction de la distance parcourue et des dénivelés. Nous avons également opté pour le confort d’une chambre d’hôtel, considérant que l’on ne pouvait envisager de dormir en communauté dans les pensions pour pèlerins. Moi qui redoutais les ronflements inhérents aux nuits en dortoir, je ne savais pas que j’aurais à affronter cette dure réalité dans le cadre de notre vie nocturne à deux. Pour conclure sur la planification de l’hébergement, une journée de pause en mi-parcours aurait été bien indiquée.

Mentionnons, en dernier lieu, que nous n’avons pas eu de discussion préalable à notre voyage en ce qui a trait à nos attentes ou à nos besoins respectifs. Pour les collègues au travail, nous formions un duo improbable en raison de nos personnalités bien contrastées. Sylvie est de nature directe et pragmatique et de mon côté, je privilégie une approche réflexive. Au-delà de ces différences de caractère, nous avons spontanément tablé sur la franchise de nos interactions. De plus, ayant un tempérament insouciant, je me suis engagée dans cette aventure en toute confiance. Ainsi, les questionnements préparatoires ont pris très peu de place dans le cadre de nos discussions. C’est le Chemin qui nous aura permis de mieux nous connaître et de développer une réelle amitié.

(1) Précisons que j’ai connu Sylvie dans le cadre du travail où nous nous sommes côtoyées pendant huit ans. Au moment du voyage, j’étais à la retraite depuis deux ans.