Ce n’est finalement pas le coq qui nous a tirées du sommeil, mais bien notre réveille-matin, comme à l’habitude. Nous nous accommodons d’un petit déjeuner quelconque au café de la place. C’est ici que, pour la dernière fois, mon pot de beurre d’arachides vient à notre secours. Chaque fois que nous avons dû faire appel à ma tartinade, j’ai remercié le ciel d’avoir choisi de mettre dans mes bagages cette gâterie de choix. Nous quittons Triacastela pour continuer la longue descente jusqu’à Sarria. Les nombreuses couches de vêtements se révèlent encore bien indispensables ce matin. C’est parti ! Nous nous engageons dans un dénivelé descendant pour quelques kilomètres.
C’est un peu plus tard qu’entrent à nouveau en scène nos deux cyclistes polonaises. À l’image d’hier, Sylvie et moi sommes arrêtées pour un moment dans une longue montée. Nous entendons au loin nos deux comparses à vélo électrique qui se rapprochent tout doucement. Encore ici, la plus petite passe devant et sa compagne la suit. Cette fois, lorsque cette dernière nous croise, elle nous dit en souriant « Good morning ». Je lui réponds avec la même formule. Sylvie est outrée. Comment ai-je pu réagir si cordialement aux propos de cette fille qui nous narguait hier ? Je réplique que l’on n’a pas à se conduire de la même manière, d’autant plus lorsque cette façon de faire nous déplaît.
À Ferreiros, c’est l’heure du deuxième déjeuner. Nous repérons une place extra où l’on croise d’autres pèlerins qui ont visiblement besoin de cette pause. En sortant du village se trouve un marché public où Sylvie s’arrête comme à l’habitude. Je l’attends tout en surveillant nos deux vélos et lorsqu’elle réapparaît, elle se dit outragée par la manière avec laquelle une marchande l’a interpellée. Il s’avère que Sylvie touchait aux fruits et légumes de son étalage et qu’elle s’est fait disputer. Il est vrai qu’au marché, les pratiques ne sont pas les mêmes. Elle a tout de même pu dénicher quelques fruits choisis par la commerçante dont nous nous accommoderons pour aujourd’hui.