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JOUR 12: MOLINASECA / AMBASMESTAS (50 km)

Carte jour 12

PROPOSITIONS DE DIRECTIONS À PRENDRE

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  • Sortir de Molinaseca par la route LE-142 qui vous mène à Ponferrada.
  • À la sortie de Ponferrada, vous avez la possibilité d’utiliser la route N-VI jusqu’à Villafranca del Bierzo.
  • (Pour prendre le Camino : En quittant Ponferrada, ne pas suivre les flèches jaunes dans la vieille ville (très difficiles à repérer) ce qui vous ferait passer par des escaliers. Contourner le château et franchir le Sil par le puente Garcia Ojeda. Au rond-point, prendre l’avenue Pérez Colino puis l’avenue Pérez Gomez. Poursuivre jusqu’à Compostilla puis prendre à gauche la rue Carriero de San Juan. Passer sous la N-VI et retrouver le Camino à l’entrée de Fuentes Nuevas.) (Compostelle à vélo)
  • Vous sortirez de Villafranca del Bierzo, par un pont médiéval (LE-713) et 1.5 km plus tard, vous rejoindrez la N-VI. Un passage de béton est aménagé. Sur le Camino, vous aurez la possibilité de traverser de beaux villages, notamment Pereje puis Trabadelo.
  • Vous passerez à plusieurs reprises sous l’autoroute et près de la rivière, avant d’arriver à Ambasmestas.
  • Nous avions choisi d’arrêter à Ambasmestas, mais le village suivant (Vega de Valcarce) offre beaucoup plus de services pour s’y arrêter une nuit.

RÉCIT

Quel merveilleux petit-déjeuner ! À la noirceur, nous quittons notre hôtel pour nous rendre au deuxième gîte de nos propriétaires où l’on nous attend. Nous nous retrouvons dans une pièce chaleureuse où notre hôte nous reçoit et nous propose plein de bonnes choses et un café réconfortant. Un homme d’un certain âge nous accompagne à la table. Nous apprenons que ce dernier est un ami de longue date de notre aubergiste, ami qu’il a rencontré sur le chemin de Compostelle. Nous avons la chance d’échanger et de sympathiser avec ces deux hommes et d’en connaître un peu plus sur leur parcours. Il est remarquable de croiser ces gens pour qui le Chemin a changé complètement le cours de leur vie. Moment privilégié.

Nous quittons Molinaseca pour nous rendre à Ponferrada où se trouve une boutique de vélo. Il devient impératif de procéder au réglage de nos freins en raison des nombreuses pentes descendantes à venir. Arrivées au magasin, nous réalisons que celui-ci ouvre à 10 h, nous avons donc amplement de temps pour une pause au café tout près. Nous profitons toujours de ces moments pour orienter nos choix des routes et tenter de prévoir les défis qui se poseront. Nous départageons les recommandations de notre bible qui se rapprochent de l’authentique expérience du Camino, les propositions de Google Maps et notre intuition féminine. De retour à notre boutique, nous réalisons après une certaine attente que le commerce est fermé pour vacances estivales.

Jour 12 ponferrada

Bredouilles, nous quittons la vieille ville pour rouler vers la sortie de Ponferrada. C’est un peu plus loin que Sylvie repère une autre boutique de vélo qui est bien ouverte cette fois. Moi, comme à l’habitude, je suis passé tout droit. Nous y rencontrons un nouvel ange de parcours qui peut traduire à son ami mécano qui ne parle ni anglais ni français, notre besoin vital d’ajustement de freins. Notre interprète, qui a déjà travaillé au Canada, nous explique qu’il renoue chaque été avec une partie du Camino Francés accompagné de sa petite famille. La découverte de cette boutique par Sylvie nous est des plus salutaires. Finalement, nos freins se révèlent encore bien efficaces et ce n’était que la mise au point qui était devenue incontournable. Même si son message nous est transmis en espagnol, nous comprenons bien que notre mécano considère qu’il était très imprudent de notre part de rouler de cette façon dans la région.

Jour 12

 

Nous reprenons la route comme des pèlerines qui étrennent de nouvelles chaussures. Sylvie s’est munie d’un rétroviseur, mais notre mécano ne l’a pas bien installé. Nous découvrirons à la fin de notre voyage la bonne façon de le fixer. Même si nous commençons notre parcours en fin de matinée, le hasard fait en sorte qu’Ambasmetas se trouve à une courte distance. Nous optons pour la route nationale peu fréquentée qui nous permet de mieux aborder les nombreux dénivelés. À mi-chemin, nous empruntons un passage protégé par un muret qui longe la voie, dédié aux vélos. Nous sommes en  désaccord avec l’avis de notre bible qui qualifie cette piste de « pas très fun mais efficace ! » (Calas, op. cit., p.109). Cette voie, plutôt agréable, nous permet de pédaler en toute sécurité dans la vallée verdoyante du Rio Valcarce au cœur de montagnes escarpées. Nous suivons la rivière qui apporte une fraîcheur toujours bienvenue. Ce balisage du Camino nous amène à visiter  quelques villages typiques de la région. Je mentionne au passage Pereje qui revêt un cachet pittoresque et qui vit au rythme des pèlerins qui ne peuvent s’empêcher de s’y attarder.

En repartant, après une petite pause sur le bord de la route, j’oublie mon casque de vélo déposé au moment de notre arrêt. Je réalise rapidement qu’il me manque quelque chose et j’alerte Sylvie pour que cette dernière m’attende, le temps de récupérer une partie essentielle de mon arsenal. Sylvie se moque de mes nombreux manques d’attention et me rappelle qu’à ce jour, j’ai perdu mon odomètre, mon linge de toilette et autre chose que nous découvrirons éventuellement. Je suis tellement distraite qu’elle redoute le jour où je me mettrai à pédaler sans avoir enfourché mon vélo.

Nous poursuivons notre magnifique route dans ces montagnes impressionnantes jusqu’à notre destination Amabasmestas. Ce village quasi désert offre peu de services, sinon un bon lieu de repos à l’hôtel de la place. Je ne sais trop pourquoi nous avons choisi ce lieu, mais j’ai souvenir que nous voulions nous accorder une pause avant d’attaquer O Cebreiro décrit comme la troisième et dernière épreuve du Chemin. Fort heureusement, l'accueil chaleureux de notre hôtesse est des plus réconfortant et nous nous réconcilions avec notre choix.

 

Ambasmestas

Notre chambre se trouve au troisième étage et nous profitons d’un point de vue exceptionnel sur les montagnes qui nous entourent. On se croirait dans les Rocheuses. Le souper est servi à 21 h et c’est la seule option dans le voisinage. Nous choisissons le repas du pèlerin dans un environnement des plus distingués. En retournant à notre chambre, nous rions tellement de nous deux ; c’est étonnant, mais nous avons peine à monter au troisième. En dehors du vélo, le corps ne répond plus à l’appel et boycotte tout effort physique supplémentaire. Il est terriblement tard, mais avant de fermer la lumière, je rédige mon mot pour les amis et Sylvie, comme à l’habitude poursuit la lecture de ses romans qu’elle s’était procurés à l’aéroport. Dès qu’elle le peut, elle ouvre son livre, cela s’avère une façon pour elle de se retrouver.

RÉFLEXION DE LA JOURNÉE

Le penseur

Depuis deux jours, je n’ai plus d’odomètre. Je l’ai égaré et je réalise que l’absence de cet appareil a des conséquences inattendues. Je n’ai dorénavant aucune idée du kilométrage qu’il nous reste à parcourir ou encore la vitesse à laquelle nous roulons. Ces données peuvent entraîner un effet démotivant lorsque l’on monte péniblement une côte à pousser son vélo à 4,5 km/heure. Notre regard sur cet accessoire de mesure peut devenir obsédant finalement. Nous n’avons qu’à y jeter un coup d’œil furtif et nous voilà à effectuer des tas de calculs, des prédictions ou des compilations. En me concentrant sur cet outil, l’inconnu et l’incertitude occupent beaucoup moins de place dans ma tête. Ce déclencheur d’algorithmes exercerait peut-être une fonction sécurisante finalement.

Sans mon odomètre, la perspective change complètement et je profite davantage de la route. Il ne me reste qu’à pédaler et à savourer le moment présent tout en laissant place à la libre réflexion, sans le bruit de fond de la calculette. Bien sûr, le fait que Sylvie a accès à cette information me permet de faire le point lors de nos pauses et me rassure en quelque sorte. J’avance l’hypothèse que cette perte se vit mieux à ce stade-ci de notre expédition. Je ne crois pas que je me serais sentie aussi à l’aise sans cette béquille durant les premières journées du voyage. Peut-être qu’au fil des jours, l’inconnu s’apprivoise plus aisément et que l’esprit du Chemin nous habite davantage.