6h00:
Après avoir discuté avec quelques pèlerins, nous avons compris que ceux-ci doivent prendre le Camino dès l'aube pour s’assurer une place à l’albergue (1) du village où ils comptent s’arrêter pour dormir. De notre côté, nous ne vivions aucun stress de ce côté, nos hébergements étant déjà réservés. Malgré cela, Sylvie et moi avions convenu de nous mettre en route assez tôt considérant l'incertitude du parcours à effectuer en cette première journée. Nous avons donc ciblé un café qui ouvre à 6 h et n’avons pas été en mesure de dénicher l’endroit en pleine noirceur. Nous apercevons finalement de la lumière émanant d’une auberge de pèlerins qui offre le déjeuner à tout passant. Le menu est au plus simple, au grand désespoir de Sylvie qui ne repère sur la table commune aucune protéine dont elle a tant besoin le matin. De mon côté, je me réjouis puisque se trouve du beurre d’arachide au menu.
8h00:
Nous montons finalement sur notre vélo, toutes fébriles et tellement excitées. En quittant Saint-Jean-Pied-de-Port (SJPDP), c’est une campagne bucolique qui nous accueille. On y trouve plusieurs fermes et quelques troupeaux de vaches qui nous observent. Sylvie, qui entretiendra toujours un dialogue avec les bêtes que nous croiserons, sympathise plus particulièrement avec une des vaches du groupe. Cette belle complicité s’interrompt au moment où le propriétaire vient récupérer, en moto, sa fugueuse qui stagne au milieu de la route.
Ces premiers kilomètres nous font prendre conscience de l’énorme défi lié au poids de nos sacoches bien remplies. Avec toute cette charge à l’arrière du vélo, nous devons décupler la force déployée sur les guidons pour garder un équilibre. De plus, lorsque l’on s’arrête, on ne peut se servir de la béquille en raison de la lourdeur de nos bagages. Ainsi, la logistique de la stabilité du vélo, en pause ou en route, représentera définitivement un réel enjeu.
10h00:
Après avoir traversé la frontière espagnole, nous nous accordons notre première pause au café de Valcarlos. Je savoure mon premier café con leche avec grand plaisir. Il fait déjà très chaud et l’on réalise rapidement que cette température mobilise beaucoup de notre énergie. Nous comprenons dès lors que cette chaleur intense nous accompagnera invariablement tout au long de la route. On sait que la prochaine partie s’annonce difficile, mais on ne peut imaginer jusqu’à quel point.