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JOUR 4: LOS ARCOS / NÁJERA (62 km)

Capture jour 4

PROPOSITIONS DE DIRECTIONS À PRENDRE

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  • Vous quittez Los Arcos par la NA-1110 en direction de Torres del Rio.
  • Continuez jusqu’à Viana où la NA-1110 devient la N-111 et poursuivez sur cette route jusqu’à Logroño
  • À Logroño, vous pouvez prendre la N120 en direction de Santo Domingo de la Calzada, jusqu’à Nájera (Google Maps).
  • (À Logroño, nous avons pris le Camino, après l’office de tourisme. Suivre le fléchage qui vous amènera au Parque de la Laguna en sortant de la ville. Ce chemin des pèlerins qui nous mène à Nájera offre de magnifiques points de vue, mais comporte ses défis : dénivelés sur des petits sentiers de terre avec de grosses roches. Difficile physiquement, mais tout de même un beau décor. À vous de voir.)

RÉCIT

Nous nous régalons du petit déjeuner sur la terrasse du coin, considérant que nous avions peu mangé hier soir, étant mortes de fatigue. Je suis étonnée de constater que nous retrouvons chaque matin une énergie renouvelée, malgré la levée du lit laborieuse. La nuit semble détenir le pouvoir de réparer l'épuisement de la fatigue.

À quelques kilomètres de Los Arcos, nous nous arrêtons pour la ixième fois pour tenter de réparer mon garde-boue arrière sur lequel s’appuie le porte-bagages qui supporte une charge importante. Une vis manquante produit une friction sur le pneu qui me ralentit passablement. C’est à ce moment-là que Sylvie me propose d’enlever tout simplement le garde-boue qui ne se révèle pas vraiment indispensable. Quelle bonne idée ! Pourquoi n’ai-je pas agi dans ce sens avant ? C’est ainsi que je me décide à balancer au bout de mes bras la pièce qui me donne du fil à retordre depuis le début de notre aventure. Notons au passage que nous avons récupéré celle-ci pour la déposer dans une poubelle tout près. Grâce à ce délestage libérateur, la friction a disparu et je me sens enfin toute légère.

Jour 4 l aileron avant

La première partie de la journée nous mène sur une route nationale peu fréquentée. Cela nous permet de rouler normalement et de poursuivre notre mise en forme. Nos mollets gagnent de la force. Nous profitons de points de vue majestueux et nous pédalons à toute allure comme des pros tout en savourant cette entière liberté. C’est extra. 

Nous nous réjouissons de l’air frais et de ces matins plus nuageux. Dès que le soleil plombe, nous sentons rapidement que la chaleur nous accable et nous fait perdre de l’énergie. Nous réalisons que cette chaleur s’intensifie de 14 h à 16 h. Ce serait une bien bonne idée de faire halte durant cette période, mais on n’y arrive pas. Je me félicite de m’être munie des manches et des jambières anti-rayons UV (aussi pratiques pour les matins frisquets). Sylvie, qui voit ses bras cuire jour après jour, compte bien s’en procurer aussitôt que nous nous arrêterons dans une grande ville.

Jour 4 najera vignes

Après Logroño, nous prenons la décision d’emprunter le Camino. Nous nous aventurons toujours sur ce parcours du pèlerin avec une certaine crainte. Habituellement, le tout débute par une charmante piste bétonnée pour se transformer en chemin de terre avec des dénivelés débordant rempli de roches. Avant de nous retrouver devant cette dure réalité, nous avons la chance de profiter des champs de vignes de la région de la Rioja. C’est un décor enchanteur pour rouler. Il n’est toutefois pas question de s’aventurer dans les parcours œnologiques du coin.

La suite du parcours nous réserve quelques défis à l’image de ces chemins de terre rocailleux que nous affectionnons tant. Au pied d’une de ces pentes à monter, ne me sentant pas l’énergie de pousser le vélo avec ses sacs jusqu’au haut de la côte que nous apercevons à peine, j’improvise une nouvelle façon de combattre l’ennemi. Je décroche mes sacoches, les monte dans un premier temps pour revenir et grimper le vélo au sommet par la suite. Sylvie en fait de même, possiblement plus par prudence que par manque de force physique.

Nous arrivons à notre charmant hôtel de Nájera. La jeune femme responsable des lieux et de la boutique du rez-de-chaussée nous interpelle alors que nous tournons en rond devant notre gîte. Les gens font preuve d’une gentillesse remarquable et l’on réussit toujours avec nos quelques mots d’espagnol, d’anglais et parfois de français à échanger et à sympathiser. Au moment de s’enregistrer, nous en profitons pour nous approvisionner de croustille et de bière. Ces gâteries font dorénavant partie de nos rituels de fins de journée.   

RÉFLEXION DE LA JOURNÉE

Le penseur

Mais comment expliquer cet acharnement à vouloir réparer mon garde-boue à tout prix, alors que celui-ci m’empoisonne la vie depuis l’assemblage du vélo à Bayonne ? Voilà quatre jours que je persiste dans mon obstination à retaper cet accessoire facultatif, sans en venir à bout. Jusqu’à maintenant, je demeurais convaincue de la nécessité de bricoler cette pièce, tandis que la solution que j’y avais apportée devenait le problème. L’ajout d’attache-câbles ne parvenait pas à faire cesser le frottement sur le pneu, considérant le poids sur le porte-bagages. Est-ce mon épuisement de la journée d’hier, accentué par l’échec de mes tentatives, qui m’amène à entendre enfin la sage proposition de Sylvie qui me conseillait simplement d’enlever mon garde-boue ? Alors que j’étais à bout de patience, sa suggestion se transforme en révélation. Pourquoi ne me suis-je pas départie de cette pièce dès le départ, au moment où je constatais qu’elle posait problème ?

Cette anecdote me fait réfléchir à l’entêtement à vouloir régler un problème récurrent. Je constate que devant un obstacle, l’on peut avoir tendance à faire plus de la même chose. La solution apportée à une difficulté ne fonctionne pas ? Ajoutons un attache-câbles, cela marchera sûrement cette fois. Dans le cas de mon garde-boue, mon acharnement légendaire m’a rendue sourde à une remarque précédente de Sylvie. Dès le début du voyage, elle m’a questionné sur l’utilité de cet accessoire, alors qu’elle-même n’en avait pas et n’en souffrait d’aucune façon. J’ai entendu son commentaire, mais ne l’ai pas écouté. Je devais absolument réussir à installer correctement ce garde-boue même s’il ne pleut pas en cette saison. Comme le chantent si bien Simon and Garfunkel dans leur succès The Sound of Silence, « People hearing without listening ». Savoir écouter et prendre en compte le point de vue de l’autre n’est pas une mince affaire.