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JOUR 2: ESPINAL (AURIZBERRI) / PAMPLONA (45 km)

Carte jour 2

PROPOSITIONS DE DIRECTIONS À PRENDRE

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  • Prendre à nouveau la N135, en quittant Espinal, en direction de Zubiri.
  • (Vous avez l’option de prendre le Camino, ce que nous n’avons pas fait, considérant les dénivelés plus faciles à prendre par la route (bien tranquille) plutôt que sur les chemins de terre) (1).
  • Vous longerez le fleuve l’Arga qui sera sur votre gauche.
  • La N135 croise régulièrement le chemin des pèlerins, à vous de voir ce que vous préférez.
  • Après Irotz, se trouve une halte routière à votre droite où vous pourrez faire une provision d’eau. Après avoir traversé l’Arga, prendre tout de suite la piste cyclable à votre droite qui vous conduira à Pamplona. Vous traverserez le merveilleux Parque Fluvial del Arga. Suivre les fléchages en direction de Puente de la Magdalena.
  • Toujours sur cette super piste cyclable, vous passerez par un immense parc, où se trouve une buvette. Prenez le temps de vous arrêter.
  • Vous franchirez les remparts de la ville après le pont médiéval.
  • Suivre le balisage des médaillons métalliques au sol, représentant la coquille.

(1) Les remarques quant au choix entre le Camino ou la route de béton sont en fonction de notre expérience et seront entre parenthèses et en italique.

RÉCIT

Au réveil à l’albergue, je constate que les pèlerins du dortoir sont déjà tous partis. Il faisait encore nuit lorsque je les ai entendus plier bagage. Notre hôtesse est toute contente de nous présenter le menu déposé sur une petite table prévu en cette matinée : biscottes, confitures et café filtre réchauffé. Étant une fidèle disciple du petit déjeuner, je lutte contre la déprime en dénichant mon super pot de beurre d’arachide que j’entame avec grande fierté. Sylvie, qui se retrouve à nouveau devant un désert protéinique, en profite également. Aussitôt après avoir quitté l’auberge, nous nous arrêtons au premier café. Place à la phase 2 de notre repas du matin.  

En quittant Espinal, nous pouvons filer sur une magnifique route asphaltée peu fréquentée. Nous renouons d’une certaine façon avec le plaisir du vélo, sur selle et non à côté de celui-ci, avec de belles côtes convenables à dévaler. Ce paysage plutôt vallonné rend plus facile la montée que l’on aperçoit au loin, considérant l'énergie mobilisée par la descente précédente. La deuxième moitié de notre itinéraire se poursuit sur une merveilleuse piste cyclable proposée par notre bible. Cette route verte de quinze kilomètres nous amène tout doucement vers Pamplona. Quel bonheur ! Nous savourons chaque kilomètre dans cet environnement paisible et bucolique.

Pamplona

Nous profitons d’une pause sur la terrasse d’un bistro de ce magnifique parc. C’est dimanche, les familles se retrouvent et prennent leur temps. La bière et la tortilla de patatas sont bienvenues et feront dorénavant partie de notre menu quotidien pour les jours à venir. Nous examinons l’itinéraire pour nous rendre à notre hôtel à Pamplona (dans le bon pays cette fois), il nous reste seulement dix kilomètres à parcourir. Nous pouvons profiter amplement de notre halte. 

 

On entre dans la ville fortifiée par la Porta de Francia et dans la région le balisage qui nous guide sur le Camino se trouve au sol, plutôt que sur les murs. Après avoir recherché les flèches jaunes sur les façades, nous voici à projeter notre regard  par terre, ne voulant pas rater un de ces médaillons métalliques qui représentent la fameuse coquille. Il ne peut être question de se tromper de route et de pédaler des kilomètres supplémentaires.

Arrivées à l’hôtel, nous devons insérer notre vélo dans un minuscule ascenseur puisque notre chambre se situe au troisième étage. Défaire les sacoches, redresser la bicyclette sur sa hauteur et refermer la porte, demande une énergie inestimable en cette fin de journée. Ces manœuvres rendent la situation bien cocasse et c’est au bout de nos forces que le fou rire nous prend. On permet de sécuriser les vélos dans une grande salle ensoleillée où se trouvent plusieurs cordes à linge. Génial ! Il faut savoir que la lessive devient une occupation incontournable dès l’arrivée à notre gîte.

Jour 2 arrivee a pampelune

RÉFLEXION DE LA JOURNÉE

Le penseur

Changer son cadre de référence

Cet épisode bien banal du petit déjeuner aux biscottes me fait surtout réaliser jusqu’à quel point le Chemin interpelle constamment notre capacité d’adaptation. Ce fut le cas également hier avec l’imbroglio de la réservation de notre hôtel. Nous devons à tout moment nous ajuster à ce qui se présente et, chaque fois, revoir ce que nous avions planifié. Ces deux expériences me démontrent combien nos cadres de référence peuvent être bousculés facilement lorsque nous voyageons.

Comment fait-on face à ce type d’imprévus ? On nous offre que de simples biscottes au petit déjeuner ; je détiens un pot de beurre d’arachides qui sauve la situation. Nous avons réservé dans le mauvais pays ; une auberge de pèlerins à proximité nous accueillera bien. Même si nous nous trouvons qu’au début de notre voyage, je sens que le Chemin nous révèle graduellement sa propre nature. Il nous garde en réserve plusieurs surprises qui sauront mettre à l’épreuve notre capacité respective à changer de cadre.

Je réalise que j’ai, au départ, cette facilité à m’adapter et à examiner les alternatives, sans vraiment m’accrocher à mes habitudes de vie qui peuvent apparaître sécurisantes. Est-ce dans ma nature ? Tout ce que je sais, c’est que j’ai une aversion à toute forme de rigidité. Je me sens bien impuissante devant une personne qui s’en tient à son plan et persiste dans sa déception lorsque les choses ne se déroulent pas comme prévu. Malgré quelques rituels à mon actif, je me montre rapidement réceptive à ce qui se présente en voyage.  

Ceci me fait réfléchir sur notre façon de voyager. J’ai lu récemment le récit de deux Canadiens qui ont parcouru le chemin de Compostelle à vélo et qui critiquaient sans cesse la nourriture puisqu’elle ne correspondait pas à leur cuisine habituelle. La découverte d’une boulangerie espagnole qui offrait des éclairs au chocolat leur a apporté un moment de bonheur. Enfin une bonne pâtisserie ! Est-ce que l’on voyage avec le projet de reproduire notre quotidien ailleurs ? Dans le cas de Compostelle, je crois fermement que le Chemin nous amène à revoir à tout moment nos plans et que l’énergie ne peut être perdue à ressasser les contretemps. Un esprit intoxiqué de frustrations ne peut grimper les Pyrénées à mon avis. Sylvie et moi avons vite compris que nous avions intérêt à demeurer vigilantes et bien ouvertes à ce qui se présentait considérant l’ampleur du défi physique et moral qui se dessine. Adieu, mon cadre de référence, on se retrouve peut-être dans 16 jours.