C’est à mon avis une perte de sens et un étiolement de l’esprit de cette expérience unique. On dira que chacun vit son propre Compostelle et que personne ne peut juger des motivations de l’autre croisé sur sa route. Je ne peux toutefois prêcher d’une telle sagesse devant cette pratique de consommation touristique. Parcourir le Chemin incite à l’humilité. À première vue, cette qualité n’est certainement pas mise en valeur chez ces pèlerins qui font leurs emplettes d’estampilles.
Cette expérience m’amène à réfléchir au tourisme de masse qui n’épargne pas le Chemin de Compostelle. Nous avons eu la chance de voyager en dehors de la haute saison et avons échappé à ces hordes de pèlerins sur la route. À cette période, je ne crois pas que nous nous serions senties accueillies avec autant d’affabilité par le peuple espagnol. Malheureusement, l’industrie du tourisme transforme les populations devenues dépendantes de cet apport financier. Je comprends que le Camino Francés offre l’option d’une destination de courte durée et plus commerciale. En effet, de plus en plus de pèlerins amorcent leur parcours à Sarria qui se situe à environ 100 km de Santiago, ce qui représente la distance minimale exigée pour recevoir la compostela. À chacun son chemin.
(1) Ruffin, Jean-Christophe, « Immortelle randonnée, Compostelle malgré moi », 2014, Folio, Malesherbes, France.