JOUR 6: BELORADO / BURGOS (50 km)

Carte jour 6

PROPOSITIONS DE DIRECTIONS À PRENDRE

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  • De Belorado jusqu’à Villafranca Montes de Oca, prendre la N120.
  • Au départ de Villafranca, poursuivre sur la N120 pour éviter l’ascension du col de La Pedraja sur le sentier des pèlerins, qui peut s’avérer dangereux.
  • En poursuivant sur la N120, vous atteindrez le panneau « Alto de Pedraja » après une montée de 5,4 km.
  • Si vous optez pour le chemin des pèlerins, après le col, prendre à droite et quitter la route pour prendre une piste forestière au niveau de l’ermita de Valdefuentes. Les marcheurs arrivent de droite, juste après le carrefour et l’on retrouve le marquage du Camino à partir d’ici. (Compostelle à vélo)
  • (De notre côté, épuisées par les mauvaises surprises du Camino, nous avons poursuivi jusqu’à Burgos par la N120. Cette route, possiblement moins typique, nous a tout de même permis de rouler « normalement »).

RÉCIT

La matinée est empreinte de douceur. Nous roulons quelques kilomètres pour nous arrêter à Villafranca Montes de Oca. Au rond-point du village où les pèlerins font une halte,  nous rencontrons une cycliste d’un certain âge. Elle nous aborde en disant « enfin des femmes à vélo, avec leurs bagages ! ». Nous sympathisons rapidement pour apprendre qu’elle vient d’Australie et qu’elle se rend jusqu’à Porto où elle a loué son vélo de montagne. On ne peut que constater l’incroyable contraste entre ses sacoches volumineuses et sa petite taille. Cette femme énergique est un exemple de persévérance et de ténacité très inspirant. Elle nous confie préférer voyager seule, puisqu’elle n’aime pas se sentir obligée d’entretenir une conversation. Nous la croiserons plus loin à quelques reprises, pour finalement la perdre de vue à notre grand regret.

Jour 6 villafranca

En quittant ce village, nous roulons sur la nationale en direction de Burgos. Nous nous trouvons maintenant dans la province de Castille-et-León, une région à n’en pas douter désertique. Cette caractéristique de notre environnement combinée au soleil de plomb nous force à peaufiner nos stratégies développées tout au long de la journée. Lorsque nous avons à monter une bonne côte et que la chaleur étouffante nous oppresse sérieusement, on se donne généralement comme point de repère pour une halte « le prochain coin d’ombre ». On pédale ou l’on pousse le vélo jusqu’à cette fameuse zone de protection et parfois l’on s’arrête avant, l’abri se révélant inexistant. Cet après-midi, le soleil tape d’aplomb. Ne trouvant pas de lieu pour une pause d’ultraviolets, j’improvise donc une parcelle d’ombre très réduite toute au haut d’une pente, en attendant Sylvie. Je me terre au croisement de deux panneaux routiers qui projettent une minuscule figure d’ombrage sur le béton. Je tente tant bien que mal de me cacher du soleil à l’aide de cette protection de fortune. Est-il nécessaire de préciser que la zone de défense s’avère microscopique ? C’est pourquoi la découverte d’un arbre au loin me procure un soulagement immédiat. Je peux me nicher en dessous de cet arbre en attendant Sylvie. Lorsque celle-ci me retrouve, nous rions longtemps de la situation plutôt inusitée.

L’arrivée à Burgos, avec son riche patrimoine, nous impressionne. Après avoir pris un certain temps à trouver notre hôtel dans le quartier médiéval, nous pouvons enfin nous délasser. 

Depuis le début de notre voyage, chaque hébergement offre la possibilité de sécuriser nos vélos. On nous propose toutes sortes de formules, mais ici c’est le majordome qui nous amène vers le local prévu à cet effet. Pour une fois, nous n’aurons pas de problème à les récupérer le matin aux aurores. Burgos est une ville très achalandée et bien vivante. Les citadins sont nombreux sur les terrasses. Nous profitons de l’endroit pour nous ravitailler à la boutique de vélo tout près. Sylvie se procure avec une grande joie les manches pour se protéger du soleil et nous achetons des provisions de barres d’énergie et de capsules de vitamines antioxydantes. 

Jour 6 burgos

RÉFLEXION DE LA JOURNÉE

Le penseur

Les observations de Sylvie sur mon habitude de défaire intégralement mes bagages à chaque fin de journée portent à une certaine réflexion. Ma complice se moque de ma façon de répartir toutes mes affaires sur mon lit et sur le plancher de la chambre dès que nous en prenons possession. Avec deux sacoches remplies au maximum de mes effets personnels, je sens le besoin de tout sortir afin de bien tirer profit de tout ce dont je dispose. Sylvie, de son côté, prend très peu de place ; elle retire de ses sacs uniquement l’essentiel. Le fait qu’elle a appris à fonctionner avec le strict nécessaire sur son voilier explique en partie sa disposition à s’accommoder de l’espace restreint. Par contre, elle semble bien à l’aise d’exploiter ma manie d’étalage. Par exemple, lorsqu’elle me demande de lui prêter mon adaptateur pour recharger son téléphone, je lui réponds « Voyons voir, je cherche dans ma section électronique » et elle l’obtient aussitôt. Sylvie peut bien rire de moi, mais elle tire profit sans aucune gêne de cette curieuse habitude.

J’ai lu que parmi les anthropologues, se crée cette même habitude lorsqu’ils se déplacent pour mener des recherches terrain dans des cultures différentes. Ils déposeraient ici et là dans leurs modestes habitations des objets personnels qu’ils transportent tout au long de leur séjour à l’étranger. Ces explorateurs sont ainsi en mesure de conserver le lien avec leur milieu naturel dans un environnement qui demeure complètement inconnu. De façon semblable, mon cérémonial de déploiement de bagages fait en sorte que je me sens chez moi dans un univers qui change quotidiennement. D’une part, je jouis grandement de la liberté ressentie à voyager à vélo avec comme seuls biens mes deux sacs sur le porte-bagages. Cela dit, je garde tout de même ce besoin de me retrouver dans mes affaires le soir venu. Heureusement que cette manie n’exaspère pas ma complice.